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KOLARI
28 juin 2017

L’Arabie à l’offensive

Le roi d'Arabie saoudite a nommé son fils Mohammed ben Salmane nouveau prince héritier. Une nomination attendue qui devrait rendre le pays plus offensif sur le plan régional, estime Karim Sader, spécialiste du Golfe. L'Arabie saoudite a un nouveau prince héritier en la personne de Mohammed ben Salmane, nommé mercredi 21 juin par son père le roi Salmane, en remplacement de Mohammed ben Nayef, neveu du souverain. Le décret royal stipule que cet homme de 31 ans à la réputation de réformateur prend également le poste de vice-Premier ministre et conserve ses fonctions de ministre de la Défense. Que signifie cette nomination et quelles conséquences peut-elle avoir pour le royaume, embourbé dans le conflit yéménite et aux prises avec une crise diplomatique régionale avec le Qatar ? Le prince héritier a le rôle de vice-Premier ministre et il est amené à prendre la succession de son père le roi Salmane. Il a la particularité d’avoir énormément de pouvoir. En tant que vice-prince héritier, Mohammed ben Salmane jouissait déjà d’immenses pouvoirs, surtout pour son jeune âge. Il avait 29 ans lorsqu’il a été nommé à cette fonction par son père le roi Salmane, qui a accédé au pouvoir en 2015. Dès lors, il lui a attribué le poste-clé de ministre de la Défense. Mohammed ben Salmane a fait ses armes avec l’offensive de l’Arabie saoudite au Yémen, son baptême du feu. Puis, il a vu ses pouvoirs renforcés dans le secteur économique et énergétique. En avril 2016, Mohammed Ben Salmane a mis en place un plan national, baptisé "Vision 2030", pour réorienter l’économie du royaume en la sortant de sa dépendance aux hydrocarbures. Aujourd’hui, cette nomination, qui était attendue, est un coup d’accélérateur à son pouvoir. Pourquoi cette nomination intervient-elle aujourd’hui ? Elle s’inscrit dans la politique de changement impulsée par le roi Salmane dès son accession au pouvoir il y a deux ans. Jusque-là, la tradition successorale en Arabie saoudite était enfermée dans un mode de transmission horizontale du pouvoir. Il se transmettait de frère en frère ou en demi-frère, ce qui a généré de perpétuelles luttes de clans et a surtout maintenu des rois et princes âgés aux affaires. Résultat : le royaume peinait à se réformer. Salmane a fait basculer la ligne successorale vers la génération des petits-fils du roi Abdel Aziz, fondateur de la dynastie. Il a dans un premier temps nommé son neveu Mohammed Ben Ayef prince héritier, et son propre fils Mohammed ben Salmane comme vice-prince. Celui-ci est porté au pouvoir dans un contexte régional marqué par une succession de crises diplomatiques avec le voisin du golfe, le Qatar, et un regain des tensions avec l’ennemi iranien. Le Proche-Orient aussi s’est embrasé, avec notamment le conflit syrien. Il y a urgence à porter des réformes. Et pour cela, le roi souhaite donner le champ libre le plus rapidement à son fils, ce qu’il a en tête depuis le début. Si la nomination de Mohammed ben Salmane comme vice-prince héritier en 2015 a constitué une surprise, son accession au titre de prince héritier, n’en est pas une. Le roi veut mettre son fils en orbite pour mettre en œuvre sa politique le plus rapidement possible Quelle influence peut avoir cette nomination sur la politique menée par le royaume ? Sur le plan de la politique extérieure, on aura une Arabie saoudite encore plus offensive. Mohammed ben Salmane est à l’origine de l’intervention saoudienne au Yémen, et c’est lui qui a souhaité isoler le Qatar à travers le blocus qui a cours depuis début juin. Le roi souhaite ainsi rompre avec des années de politique régionale jugée trop molle et modérée. Il veut se défaire de l’ère du roi Abdallah, qui avait conduit l’Arabie saoudite à perdre énormément de son influence dans la région. Face à l’ennemi iranien, Mohammed ben Salmane mènera sans doute une politique plus active et plus musclée, avec un renforcement de la confrontation et du clivage sunnite-chiite. Il est loin d’être partisan de la modération sur ce dossier. Sur le plan intérieur il va poursuivre la politique de réformes économiques qu’il avait déjà engagée en tant que vice-prince.

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