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KOLARI
1 octobre 2015

Espionnage sale

Même si les révélations de WikiLeaks sont gênantes en jetant un regard froid sur la réalité du renseignement, elles ne couvrent pas toutes les facettes de ce type d'activité. Et les quelques informations dévoilées, certes pourtant privées, issues des conversations des trois présidents français ne représentent pas grand-chose face à la réalité du potentiel de ce qui est "écoutable". Les chefs d'Etat ont à leur disposition des moyens de communication extrêmement sécurisés. On imagine que les sujets les plus sensibles pour la sécurité de l'Etat ne sont pas abordés via le matériel mis sur écoute par la NSA ? Que cherchent vraiment les services de renseignement en écoutant des communications a priori peu sensibles ? Des informations d'ordre privé ? J’espère que les sujets les plus sensibles ne sont pas évoqués sur le matériel mis sur écoute par la NSA, mais rien ne nous met à l’abri d’un président de la République ou d’un ministre qui parle à son entourage depuis l’un de ses nombreux téléphones privés dont le niveau de protection n’est pas suffisant. Il est malheureusement impossible de ne jurer de rien. Le chef de l’Etat dispose d’un certain nombre de moyens cryptés, mais malgré cela les plus grands secrets sont régulièrement écoutés par les services américains, chinois, russes, anglais ou encore allemands. Rien n’est impénétrable et les codes sont cassés. Et la France fait la même chose avec ses propres cibles. Il faut préciser qu’on ne sait jamais ce qui est sensible. On n’écoute pas des informations, on écoute une cible. Après il faut faire le tri entre toutes les données recueillies. Certaines sont intéressantes, d’autres pas du tout. La notion de sensible ou de peu sensible n’existe pas. Ce n’est pas nous qui décidons de ce qui est sensible ou peu sensible. En fait, ce qui intéresse les services de renseignement c’est la confirmation d’une intuition, l’infirmation d’une posture. Par exemple, une chose qui paraissait sûre et qui fait pourtant toujours l’objet de débat est digne d’intérêt pour celui qui écoute. En un mot, tout ce qui peut valider ou invalider l’idée que l’on se fait de l’opinion d’un chef d’Etat, quel que soit le sujet, est utile. Tout est potentiellement utile. C’est le cas des informations d’ordre privé. Ce type d’information peut être utile, mais dans une bien moindre mesure qu’avant. Lorsque la société était très sévère notamment en matière de mœurs cela pouvait avoir de conséquences importantes, mais cela a beaucoup évolué. Avoir connaissance d’informations privées fait partie en réalité d’un certain nombre d’éléments d’ambiance ou de compréhension de la personnalité d’un responsable politique. C’est cela qui peut être utile aujourd’hui. Les services de renseignement cherchent des informations qui soient utilisables. Dans l’absolu, toute information a un intérêt. Tout dépend après de l’objectif. De nombreuses informations glanées ne sont pas utilisées car elles ne sont pas dignes d’intérêt. Les informations d’ordre privé intéressent alors bien évidemment les services de renseignement. C’est un moyen de pression formidable dans certains cas. Imaginez que la NSA ait su que François Mitterrand avait une fille au moment où personne ne le savait en France et que le secret était bien gardé. En faisant fuiter cette information dans la presse, la côte de popularité de Mitterrand aurait chuté. Dans ce cas d’espèce, soit les Etats-Unis ne le savaient pas, soit ils le savaient et n’en ont rien fait ou alors ils l’ont utilisée contre le Président sans que cela se sache.

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